Selon les très sérieux magazines américains Nature et Quartz, le gouvernement américain plancherait sur un logiciel permettant à la fois de détecter et d’interpréter des tatouages. Son ambition ? Mieux repérer les criminels. Précisions signées Tatouage & Partage.
C’est l’hebdomadaire Nature qui, la première, a placé l’info sur le devant de la scène. Dans un article intitulé Image software spots links in tattoo ink, la revue scientifique de référence rapportait une mesure plutôt insolite : une équipe de chercheurs américains collaborerait avec la Justice sur un programme permettant à la fois de détecter, d’analyser, et d’interpréter les photos de tatouages.
Nature révèle le but de cette coopération. Il s’agirait de remplacer :
les recherches manuelles dans les bases de données sur les marques corporelles, qui font perdre du temps, par un logiciel de comparaison d’images pour aider à identifier les victimes de crimes et les suspects.
Quant à la corrélation entre tatouages et criminalité, elle est toute trouvée : le journal rappelant que les membres de gangs se font régulièrement tatoués, les autorités ont requis que le programme créé soit capable de lister des signes régulièrement arborés par ces membres sur la peau, à savoir (par exemple) :
- des serpents
- des sorcières
- des croix gammées
Un logiciel qui sait différencier une tête de mort d’une Catrina, c’est bien beau… mais la « prouesse » ne s’arrête pas là. Le logiciel en question sera, par exemple, capable de différencier deux modèles d’armes différents sur peau, deux tatouages de loup a priori similaires, et même en mesure de reconnaître des différences de forme et de couleur dans les photos de tatouage.
La reconnaissance faciale existe déjà : pourquoi la reconnaissance de tatouages serait-elle plus complexe ? C’est l’une des questions que s’est posée la revue scientifique. La réponse est livrée par Landis Huffman, ingénieur : pour lui, la reconnaissance tattoo est plus délicate que la reconnaissance faciale, due aux multiples variations et détails contenus dans un tattoo. Ajoutez à cela une propension, pour certaines pièces encrées, à se flouter avec le temps, à être dissimulées par des poils, à être volontairement altérées… et vous obtiendrez une idée des difficultés en jeu.
Ce logiciel dédié aux tattoos servira-t-il de précédent dans une nouvelle technologie de compréhension et d’interprétation des images ? Pour la revue Quartz, cela fait peu de doutes. Voyant plus loin que le domaine du tattoo, elle estime que l’usage d’un algorithme aussi puissant outrepasserait l’utilité purement judiciaire :
Comme la directrice des recherches sur l’intelligence artificielle à Stanford, Fei-Fei Li, l’a suggéré […], à l’avenir, nous pourrions avoir des systèmes de sécurité qui pourront répondre à une vidéo d’un enfant en train de se noyer en détectant ce qu’il se passe, plutôt que de simplement l’enregistrer.