Le meurtre d’un tatoueur marseillais le 31 aout 2016 a jeté un voile sinistre et tragique sur le tattoo français. Aujourd’hui, les pensées de Tatouage & Partage vont aux proches de la victime, à qui notre association adresse toutes ses condoléances. Lié à l’Agence Régionale de Santé, Rodolph Sadjian s’était vu accorder le droit de dispenser des formations en hygiène et salubrité. L’occasion pour nous de revenir sur ces formations, et sur leurs limites.
C’est le quotidien régional La Provence qui revient sur la mort de Rodolf Sadjian, 39 ans, père de deux enfants et abattu devant son domicile par un tireur cagoulé et embusqué. Si le journal rapporte que les enquêteurs ont exclu la piste d’un meurtre motivé par des raisons professionnelles, il dresse le portrait d’un homme qui, depuis 2014, s’était mis en tête « de sécuriser sa profession ».
« Après avoir présenté un solide dossier à l’Agence Régionale de Santé (ARS) », explique La Provence, « l'organisme lui avait accordé le droit de dispenser des formations en hygiène et salubrité. Il devenait, ainsi, le seul tatoueur-perceur marseillais – hors instituts de formation – à pouvoir délivrer le précieux sésame obligatoire pour exercer ce métier en vogue, parfois touché par des dérives ».
Rodolf Sadjan avait déjà fait parler de lui il y a deux ans dans le même quotidien : « J’ai souhaité obtenir cet agrément », confiait-il, « car trop de gens travaillent au black sans les règles d’hygiène de base ». Avant de compléter : « J’en ai marre de voir des clients se faire massacrer. Le tatoueur à domicile est un fléau. Il achète son matériel sur internet et de l’encre de piètre qualité ».
Le Marseillais était donc le seul tatoueur de la Cité phocéenne à être officiellement en mesure de dispenser la précieuse formation de 21 heures, au cours de laquelle il enseignait « à se laver les mains, à préparer la salle, à traiter les déchets, à stériliser car certains pensent qu’une aiguille sortie du sachet est prête à l’emploi ».
Si Tatouage & Partage tient à rendre hommage aux motivations de Rodolf Sadjan, avec qui elle s’est trouvé des combats communs – lutter pour une hygiène toujours plus accrue, pour une législation stricte, pour un encadrement de tous les instants –, notre association tient à rappeler un facteur de prime importance. Aujourd’hui, la formation à l’hygiène de 21 heures telle qu’on la pratique en France n’enlève ni le travail clandestin, ni l’incompétence – et la dangerosité – de certains prétendus tatoueurs. Ce n’est nullement une formation technique au métier de tatoueur, comme on peut parfois l’entendre ou le lire : c’est une formation à l’hygiène, comme son nom l’indique, et à l’hygiène uniquement.
La solution pour ajouter la technique à l’apprentissage que dispensait le jeune tatoueur ? Pour Tatouage & Partage, elle passe par un statut strict, statut qui, malheureusement, fait toujours défaut à la profession en 2016. Un statut et, par extension, la reconnaissance d’une formation sont les seuls éléments qui, à nos yeux, seront en mesure d’assurer pérennité et sécurisation à notre profession.