Devant l'engouement que suscite le tatouage, des milliers de salons ont vu le jour avec pour seuls bagages et obligations, pour les tatoueurs, une formation à l'hygiène dont la durée s'élève à 21 heures.
Aucune formation artistique ou artisanale n’est requise pour tatouer officiellement dans notre pays. Il faut simplement, pour avoir pignon sur rue, une petite formation, une connexion internet, et une carte bleue pour acheter ce dont on a besoin pour officier. Il en résulte qu'il n'est pas étonnant de voir sur le marché, des tatouages de piètre qualité pulluler de jour en jour.
Devinant que le chantier reste à faire complètement, je sais que l'énergie à déployer est considérable, mais en ne faisant absolument rien pour arranger la situation, force est d'admettre que nous allons nous retrouver à avancer à l'aveuglette et finalement nous écraser contre un mur. En 2014, j'en parlais déjà à travers quelques lignes publiées sur le blog de Stéphane Chaudesaigues, président de l’association :
www.stephane-chaudesaigues.fr/fr/coups-gueule/kalil-moktar-lamitie-respect-passion-pour-meme-metier
Des milliers de salons de tatouage engendrent forcément des revenus et engendrent des mouvements de fonds importants. Chaque tatoueur paie un loyer, sa marchandise, ses impôts, ses charges etc. Donc, un marché rentable pour plusieurs secteurs d'activités.
Il faut que tous les tatoueurs prennent conscience de l'enjeu : en ne prenant pas le problème à bras le corps, nous risquons de donner à des inconnus qui ne comprennent rien au tatouage, le bâton pour nous battre. Ils ne connaissent pas la culture du tatouage, son histoire, sa technique si particulière, ses implications dans les relations humaines.
Devant l'essor qu’a pris le tatouage et les boutiques qui ont fleuri suite à cet engouement, le gouvernement ne va pas rester les bras ballants ; vous pouvez en être certain.
Étant passionné et fasciné par le tatouage, je veux le défendre, comme le fait Stéphane Chaudesaigues et notre association Tatouage et Partage. Nous voulons un statut pour tous les tatoueurs afin que nous soyons protégés dans tous les sens du terme. Il faut que tous les tatoueurs fassent montre de leur force et de leur cohésion pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau.
Kalil Moktar
Secrétaire de l'association Tatouage & Partage