Pour bien commencer la semaine, votre association Tatouage & Partage vous propose un nouveau témoignage, dans le cadre de notre série « La Parole aux Tatoueurs ». Cette semaine : San, du studio bruxellois Deuil Merveilleux.
Vidéo © Pierrick Robert & Pierre-François Loiseau / Pounti Prod'
« J’ai fait six ans aux Beaux-Arts », confie San à votre association de tatouage. « J’ai fait du dessin et de la lithographie, et normalement, je suis enseignante en arts plastiques. Je suis tombée dans le tattoo un peu comme ça. Je me suis fait tatouer pour la première fois à 25 ans. Et puis un jour, quelqu’un m’a demandé : « Tiens, j’aimerais bien que tu me tatoues ». Ça a piqué un peu ma curiosité ».
Piquer : le mot est bien choisi. San va prendre des risques financiers pour se lancer. « J‘ai vidé mon compte épargne », poursuit-elle devant votre association Tatouage & Partage. « J’ai acheté un kit pour essayer, et j’ai commencé comme ça : sur des pieds de cochons, des peaux de cochons etc. » Le reste, elle l’apprend grâce à des mentors, et en allant observer « pas mal de gens bosser ». « J’ai commencé dans un street shop », nous dit-elle, « où tu fais sept tattoos par jour… et tu bosses, tu bosses, tu bosses ».
Interrogée sur la question du statut du tatoueur, San répond : « C’est difficile car il y a quand même le côté de la profession où oui, les gens viennent te voir pour ton travail, pour ta patte, pour ton « art », entre guillemets ». Avant de tempérer : « Mais en même temps, tu as quand même un échange avec le client, il vient te voir pour quelque chose en particulier ! C’est rare les gens qui viennent et te disent : « Bah tu fais ce que tu veux ! » C’est cool, mais c’est presque une plus grande contrainte de devoir choisir pour la personne ». San dévoile : « Je trouve que c’est important la relation, l’échange entre le client et le tatoueur ».
Alors, le statut du tatoueur : artiste ou artisan ? « Sortant moi-même des Beaux-Arts, j’ai toujours un problème avec le mot « artiste ». « Artiste » implique un aspect « travail en cours » : on va continuer d’évoluer et à apprendre toute notre vie », explique San.
« Donc je ne sais pas trop quoi faire du mot « artiste ». « Prestataire de service » : oui, sûrement, bien sûr ! Les gens viennent nous voir, on leur fait un tattoo, et ils repartent avec. C’est un peu particulier, car on leur fait, on leur « donne une œuvre », entre guillemets. Et à partir du moment où le client sort de la boutique, on ne la reverra plus jamais ».
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