Contacté par l’Association française de normalisation, Kalil Moktar, secrétaire et porte-parole de Tatouage & Partage, revient sur les enjeux liant tatouage et AFNOR. Tribune.
J'avais été contacté personnellement par l'Association française de normalisation (AFNOR), une dizaine de jours avant que n'ait lieu la première réunion. On m’y informait que pour faire partie du tour de table, il fallait aligner 100 000 euros. Somme qui, depuis, a baissé.
Donc sur le moment, je résumais ainsi : on nous contacte une dizaine de jours avant une réunion dont les enjeux sont capitaux et, dans la foulée, on nous demande 100 000 euros. Souhaite-t-on vraiment que nous participions à cette réunion ? Et de me poser cette autre question : seuls ceux qui ont la possibilité de réunir une somme pareille ont le droit de cité et de dicter leur volonté ?
Organiser, encadrer, réglementer un « métier » en plein essor. Lui proposer des normes qui inviteraient à la transparence au niveau de la fabrication des produits de tatouage, par exemple. Égaliser dans les pays européens les formations à l'hygiène, ce qui pourrait aboutir à une formation unique et réglementée valable en Europe.
En l'état actuel des choses, un professionnel étranger qui vient en convention en France doit passer autant de formation à l'hygiène qu'il fait de conventions. Avouons-là qu'il y a assurément moyen de faire mieux.
Concernant les tatoueurs qui officient au domicile de leurs clients, quels moyens satisfaisants permettraient de les informer efficacement sur la dangerosité de leur pratique ? Les fournisseurs européens de matériel devraient déjà faire savoir à ces personnes qu'ils ne vendent exclusivement leur matériel qu'aux professionnels du tatouage, et s'en assurer.
Une question en appelant une autre, je me suis demandé pourquoi ne pas s'occuper d'abord de faire reconnaître le métier de tatoueur officiellement, avant de créer des normes européennes pour un métier qui n'a pas de statut légal.
Alors qu'en mettant en place un apprentissage encadré, dont la finalité pourrait déboucher sur une attestation ou un certificat prouvant que l'apprenti a suivi un cursus en alternance dans une école, puis chez un professionnel, celui-ci pourrait exercer le métier de tatoueur. Nul besoin d'examen final sanctionné par un diplôme.
Quand on entreprend de passer par ce genre de structure, bénéficions-nous d'une formation, diplômante ou non, légitimée par les instances ?
Comment est-il possible qu'une école française de tatouage réglementée puisse exister, alors que le métier de tatoueur n'a pas de statut reconnu par l'administration française ?
À l'heure où ces quelques lignes sont couchées sur le papier, différents acteurs tels que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Corps'Tech, Medical Body Art, l'Ecole française du tatouage (EFT), puis le Syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) ont débloqué, ou sont sur le point de le faire, des fonds permettant de pouvoir peser dans la balance.