Lorsqu’ils sortent du shop, ils n’ont qu’une hâte : exhiber leur tatouage fraichement encré sur le torse, le bras, la cuisse ou, pour certains, sur des parties encore plus visibles telles que les mains ou le cou. Mais quelques mois voire années plus tard, certains de ces Millenials – les jeunes garçons et les jeunes filles nés autour de l’an 2000 – regrettent leur modification corporelle pour des raisons professionnelles et personnelles. Pour de nombreux spécialistes à travers le monde comme pour l’association Tatouage & Partage, une prise de conscience s’impose.
C’est le journal USA Today qui a remis le sujet sur la table. Au mois de décembre 2016, le célèbre quotidien américain publiait un article intitulé Overpierced ears, tasteless tattoos: Millennials rethink, repair body art. Comprendre : Oreilles piercées à outrance, tatouages de mauvais goûts : les jeunes regrettent et ont recours à la chirurgie réparatrice.
Dans son article, le journaliste John Petrick fait longuement appel à l’expérience de Harris Sterman, chirurgien plastique en chef au centre médical Holy Name de Teaneck, dans l’État américain du New Jersey. Le constat dressé par le docteur ? Les jeunes sont de plus en plus nombreux à recourir à ses services pour se débarrasser d’un tatouage ou d’un piercing. Une opération qui peut coûter jusqu’à 1 900 € pour la reconstruction d’une oreille que l’on a débarrassée d’un écarteur et 1 500 € pour un tatouage supprimé au laser.
La raison principale évoquée par l’article d’USA Today est de nature professionnelle. Eugene Gentile, directeur d’une école de commerce dans la province canadienne du Nouveau-Brunswick, explique : "Pour les entretiens d'embauche, je préconise un costume de couleur foncée et une chemise claire afin que la personne vous regarde dans les yeux et écoute ce que vous dites. Le tatouage nuit à cela et représente une énorme distraction". Autre exemple évoqué par le docteur Harris Sterman cette fois-ci : celui d’une jeune femme tatouée à l’omoplate. "Elle avait vieilli et avait obtenu un travail dans une entreprise pour lequel elle devait assister à des événements. Elle a subi un traitement au laser pour s'en débarrasser".
À l’origine de ce nouveau phénomène qui pourrait être qualifié de syndrome du regret, la démocratisation fulgurante du tattoo – voire sa vulgarisation –, à plus forte raison dans les environnements lycéens et universitaires. Partant de ce postulat, Tatouage & Partage appelle à une prise de conscience de la part à la fois des jeunes intéressés par le tattoo, mais également des tatoueurs. Un tattoo se pense, se réfléchit, il doit mûrir et n’être exécuté qu’en temps voulu. La solution : un dialogue sain… et du temps. Et cela, ce n’est pas le docteur Harris Sterman qui dira le contraire…