"Pas de style, que de l’excellence". Sous ce titre, les équipes de France 3 Centre-Val de Loire ont donné vie à un long portrait Bop John. Membre de Tatouage & Partage, le co-créateur du premier code de déontologie du tattoo se dévoile en 9 chapitres, et parle de la profession sans langue de bois.
Pour France 3, Yacha Hajzler parle du "mythe discret du tatouage" qu’est Bop John, tatoueur depuis le milieu des années 1980. Bien des années après avoir commencé "avec les anciens des quartiers de Bourges qui sortaient de prison", le vieux taulier voudrait "laisser de son passage un métier structuré, à l'abri des dérives", rappelle la journaliste.
Le salon de tattoo de Bop John s’élève en face du cimetière des Capucins. Un choix mûrement réfléchi et pensé comme une réponse aux studios privés. "Le studio privé peut être quelque chose où la personne ne tatoue que sur rendez-vous", concède sans mal le tatoueur. "Mais c’est surtout, aujourd’hui, un moyen d’échapper au contrôle de l’ARS".
La chaîne de télévision du service public croise le chemin de Jean-Claude, client fidèle de Bop John : ce dernier lui tatoue un 16ème portrait de star du rock des années 50. "Il faut de la dextérité pour ne pas rendre une peau charcutée", explique le tatoueur berruyer. "Connaître toutes les épaisseurs de peau, sur le corps entier. Ça demande 20 ans, sans quoi vous n'allez faire que des avant-bras".
"Si je vous dis ce que je préfère dans mon métier aujourd'hui, vous allez tomber de haut", annonce Bop John. "C'est dissuader les jeunes, tous les gens de moins de 25 ans", confie le membre de Tatouage & Partage, qui se défend de toute discrimination à l’âge mais confesse que "en-dessous, ça ne peut être que des soucis. Le corps n'est pas fini".
Gants, tabliers, machine, câbles : "dans l’arrière-boutique, tout est couvert de protections à usage unique", témoigne Yacha Hajzler. "C’est vraiment un milieu où il faut éviter les soldes et les flash days", recommande Bop John. "Le gars qui veut prendre le travail des autres, il va faire des soldes. Mais si on solde un tatouage, c’est au détriment des consommables, qui vont être made in China, ou de mauvaise qualité. Avec le code de déontologie, on veut se mettre d'accord pour dire que la qualité a un certain prix".
"On l’a créé, avec mon ami Eric, quand on a rencontré un gars […] qui avait travaillé sur un procédé spécial", explique Bop John à la journaliste lorsqu’elle le questionne sur DermaTattoo, la protection qu’il applique au client après le tattoo. "Sa formule est basée sur une molécule. […] On a testé ça deux ans, avec mon fils Greg et d’autres tatoueurs de la région, c'était un truc de fou", vante le tatoueur.
Bop John a siégé 4 ans à l’AFNOR, rappelle France 3. L’Association française de normalisation participe à la création de normes européennes sur le tatouage. "À ce stade, même la stérilisation du matériel a fait l'objet d’un virulent débat", révèle le média, en profitant pour donner une savoureuse illustration du franc-parler si cher au tatoueur berruyer…
"Je n’ai pas de style, il faut arrêter avec le style", admet sans peine Bop John à Yacha Hajzler. Il questionne : "Pour quoi faire ? Pour se la péter ? […] Non. Si on est un artisan, on fait tout. Dans le temps, tous les ateliers de peinture, d’ébénisterie, il n’y avait pas de signature. Pas de style, que de l’excellence".
"Récemment, une bonne nouvelle est arrivée du Danemark", se termine le portrait de Bop John. "Des médecins sont en train de créer une littérature du tatouage", salue l’artisan de l’encrage. "Quand nous on donne des arguments basés sur notre vécu, notre quotidien, là ça va être étayé par des preuves scientifiques. […] Ça évitera de raconter n’importe quoi sur le tatouage, et de le confirmer comme pratique sans risques".
Crédits photographies : © Yacha Hajzler / France 3