Une tribune dédiée à « Freaky Hoody » a été mise en ligne sur le site du Figaro. Son auteur souhaite que cet instituteur tatoué de la tête aux pieds ne puisse pas enseigner dans certaines classes.
Jean-Eric Schoettl est ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, institution se prononçant sur la conformité à la Constitution des lois et de certains règlements dont il est saisi. Le 7 octobre 2020, sa tribune intitulée « Instituteur tatoué : les libertés individuelles doivent s’arrêter là où commence l’intérêt général » était publiée sur FigaroVox, organe internet du célèbre quotidien français.
Pour l’auteur, les principes fondamentaux de l’éducation nationale impliquent que Sylvain Hélaine ne peut pas enseigner dans certaines classes. Si son nom ne vous évoque rien, son corps, son visage et son pseudonyme – « Freaky Hoody » – vous sont peut-être plus familiers. Pour Jean-Eric Schoettl, le cas de cet instituteur presque intégralement tatoué est l’occasion de réaffirmer la position suivante : l’institution ne doit pas céder à une vision maximaliste des libertés individuelles.
La tribune fait directement écho au fait que l’instituteur Sylvain Hélaine s’est vu retirer par l’inspection académique, à la suite de plaintes de parents d’élèves, la charge des classes de maternelle. Ce retrait « ne trouve guère d’appui sur un texte normatif spécifique et conduit déjà certains à dénoncer une nouvelle cause de discrimination », concède Jean-Eric Schoettl. Mais « cette décision, au demeurant minimale, est commandée par les principes fondamentaux de l’éducation nationale », martèle-t-il.
L’ex-secrétaire général du Conseil constitutionnel défend sa vision de l’enseignement pour les petits. « Le maître et la maîtresse d’école […] sont des passeurs : vers la vie adulte, vers le monde des adultes. De ce monde des adultes, l’instituteur est la figure de proue. Cette figure doit être ouverte, avenante et familière. Sa personne doit s’effacer derrière son rôle, afin qu’elle ne fasse pas écran entre les élèves et le monde vers lequel il les accompagne », argue-t-il, insistant sur le fait que « le devoir de neutralité est si important dans la tradition laïque ».
Pour Jean-Eric Schoettl, « le respect que le professeur doit inspirer aux enfants en sa qualité d’ambassadeur du monde des adultes exige de lui le respect des usages communs qui instituent ce monde […]. Notamment quant à son apparence, car c’est cette dernière qui s’offre d’abord au regard des élèves, tout particulièrement des plus petits ». Et d’asséner : « Rien ne va plus si l’enseignant sacrifie cette exigence de (re)tenue à la manifestation de ses propres lubies ou à l’ostentation de ses adhérences tribales. La mission de passeur est compromise si, au lieu de se comporter en ambassadeur de la collectivité, celui ou celle qui est censé "instituer" se proclame en marge de la société, en révolte contre elle et en guerre contre les familles ».
La tribune du Figaro s’achève sur une série d’interrogations émises par l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. « Comment le système scolaire a-t-il admis que l’intéressé, avant même d’arriver dans une salle de classe, soit recruté et affecté ? », questionne-t-il, avant de livrer une interprétation toute personnelle du tattoo : « S’agissant du tatouage, la société peut-elle rester impavide face au développement d’une pratique qui fait produire des effets irréversibles et pénalisants à une affirmation de soi dont les motivations sont passagères et relèvent le plus souvent d’une impulsion juvénile ultérieurement regrettée ? »