Le 15 aout 2016 était mis en ligne, sur le site officiel de BFM TV en partenariat avec RMC, une interview en vidéo de Madame Catherine Oliveres, dermatologue. Si la spécialiste des maladies de la peau dédramatise la récente situation faisant état de menaces graves inhérentes à l’utilisation de certaines encres de tattoo, plusieurs imprécisions viennent toutefois émailler son discours. C’est pour faire la lumière sur ces éléments que l’association Tatouage & Partage demande un droit de réponse.
La première contre-vérité avancée par Madame Catherine Oliveres, que l’association Tatouage & Partage s’apprête à contacter, est qu’il existerait un syndicat de tatoueurs référant. Le SNAT, auquel la professionnelle semble faire allusion, est une association loi de 1901 qui ne représente qu’une partie mineure des professionnels du tatouage, avec un millier d’adhérents pour environ 15 000 tatoueurs en France.
Autre méprise commise par la dermatologue : le SNAT n’est en aucun cas un label qualitatif, comme ses dirigeants le prétendent eux-mêmes. L’association est uniquement une union de professionnels qui souhaitent une reconnaissance du tatouage comme étant un art.
Tatouage & Partage rappelle qu’à l’heure actuelle, les tatoueurs n’ont ni statut professionnel, ni statut juridique encadrant leur profession, ni assurance professionnelle, ni façon de transmettre légalement leur savoir. C’est l’un des combats menés par Tatouage & Partage au quotidien.
L’autre imprécision majeure relevée par Tatouage & Partage concerne la menace en elle-même obsédant certains médias comme BFM TV depuis le début de l’été 2016 : l’Union européenne n'a fait, pour le moment, que diligenter une commission pour obtenir des résultats concernant une probabilité entre tatouage et cancer. Aucune enquête et, de fait, aucun résultat ne peuvent donc être utilisés comme arguments.
Nicolas Kluger, dermatologue spécialisé dans le tatouage et collaborant au congrès ECTP dont Tatouage & Partage fait partie, réagissait déjà il y a quelques semaines à la nouvelle alarmante relayée par BFM TV avec ces mots :
Pour les tatoueurs qui ont lu l’article alarmant de BFM TV, l'ECHA [European Chemicals Agency, agence de l’UE] ne va rien publier car aucune étude n'a été réalisée ! L’ECHA a été mandatée par la Commission européenne pour étudier au cas par cas des ingrédients suspectés de donner des réactions allergiques. Les risques de carcinogenèse et sur la fertilité seront aussi étudiés. Il ne s'agit pas de bannir des encres ni d’interdire le tatouage, mais de supprimer des composés à risque. L'ECHA communiquera sur les résultats. Ces évaluations vont prendre plusieurs années. Merci de suivre le compte rendu de l'ECHA et non les tabloïds et leurs articles imprécis.
Autre précision de Tatouage & Partage dans cette même veine : il n’a jamais été prouvé que le rouge fût cancérigène. En revanche, il peut s’avérer plus allergène que les autres couleurs. C’est d’ailleurs l’un des thèmes du congrès annuel auquel participe Tatouage & Partage à Copenhague.
Madame Catherine Oliveres évoque par ailleurs le détatouage au laser. Attention : en cas de problème lié à un tattoo, le laser n’est pas la méthode à employer. Pourquoi ? Parce que cette technologie vient casser la couleur dans la peau et disperse les nanoparticules dans l’organisme, ce qui a parfois comme conséquence de répandre l’allergie.
Enfin, terminons sur une touche subjective : oui, les tatouages vieillissent certes, mais s’ils sont entretenus, ils demeurent très beaux pendant de nombreuses années. Parole de tatoué.
Stéphane Chaudesaigues
Président de l’association Tatouage & Partage
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |