Comprendre en 3 minutes la question du statut du tatoueur et de la formation diplômante

  
 

 

Récemment, les déclarations de la Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem à propos d’un CAP tatouage ont fait grand bruit. Suite aux très nombreuses sollicitations de nos membres mais également de notre communauté Facebook, Tatouage & Partage fait le point sur les récentes avancées du dossier liées au statut et à la formation des tatoueurs, ainsi que sur nos propositions.

 

LA CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS

Le 23 octobre 2016, au cours d’une visite au Centre des Métiers d’Art de la Polynésie française, Madame Vallaud-Belkacem se déclarait "enthousiaste et favorable" à une reconnaissance de 4 nouveaux CAP (certificat d'aptitude professionnelle), dont un CAP tatouage.

 

Quelques jours plus tard, l’association Tatouage et Partage relayait l’actualité et revenait sur le choix même d’un CAP, mais aussi et surtout sur l’utilité d’une formation diplômante pour les tatoueurs.

 

En parallèle, le S.N.A.T. publiait sur sa page Facebook un article titré "Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle passé un CAP ministre ? Les tatoueurs s'interrogent...", qualifiant la proposition de la ministre "d’ineptie".

 

Dès le 31 octobre 2016, Tatouage & Partage publiait une série de tribunes signées de membres de notre association amenés à s’exprimer sur le sujet :

 

- Kalil Moktar : "Oui à un dialogue constructif sur la formation des tatoueurs"

- Cécile Chaudesaigues : "CAP ou pas CAP ?"

- Gregory Belkadi : "Je ne me sens pas artiste"

 

Le 1er novembre 2016, le président de Tatouage & Partage Stéphane Chaudesaigues sollicitait à nouveau le Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour évoquer la question du statut du tatoueur.

 

LA SITUATION ACTUELLE POUR LES TATOUEURS DE FRANCE

À l’heure actuelle, les tatoueuses et tatoueurs de France n’exercent leur métier sous aucun statut officiel. Si certains le pratiquent en autoentrepreneurs ou en professions libérales lorsque d’autres travaillent en SARL ou encore en EURL, il n’existe aucun socle commun reconnaissant le tattoo comme un métier à part entière.

 

Aujourd’hui, le seul prérequis officiellement reconnu pour tatouer est de se soumettre à une formation à l’hygiène d’une durée de 21 heures effectuée auprès d’un organisme agréé. Cette formation en poche, n’importe qui peut tatouer en France en toute légalité, impliquant de multiples menaces pour les tatouées et tatoués : des risques dans la qualité de la prestation, mais aussi et surtout d’ordre sanitaire.

 

LES REVENDICATIONS DE L’ASSOCIATION TATOUAGE & PARTAGE

Chez Tatouage & Partage, nous œuvrons depuis notre création pour l’obtention d’un véritable statut pour tous les tatoueurs de France. Cette avancée permettrait entre autres à ceux-ci :

 

- de former officiellement des apprentis

- de reconnaitre la participation du conjoint collaborateur (sécurité sociale et reconnaissance juridique), pour les nombreux partenaires travaillant aux côtés de leurs époux ou épouses

- de bénéficier d’une assurance professionnelle

 

Le S.N.A.T. souhaite l’obtention d’un statut d’artiste pour tous les tatoueurs. Chez Tatouage & Partage, nous sommes en désaccord avec cette revendication, estimant que la définition d’artiste ne s’applique pas à l’immense majorité des tatoueurs de France, souvent sollicités pour des petites pièces communément appelées "flashs" issues de catalogues ou des reproductions reprises sur Google.

 

À l’inverse du S.N.A.T., Tatouage & Partage milite pour l’inscription du tattoo sur la liste des métiers d’art comme décrits par l’article 22 de la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises. Opposée à l’idée d’un CAP ou d’un CQP (certificat de qualification professionnelle), formats évoqués en premier lieu par le S.N.A.T. et que nous jugeons inadaptés à notre profession, notre association appelle cependant de ses vœux la création d’un diplôme reconnu par l’État. Nous nous opposons formellement aux écoles privées de tatouage prétendant former à l’exercice du tattoo moyennant d’importantes sommes d’argent.

 

Tatouage & Partage sollicite tous ses leviers et son réseau pour échanger avec le gouvernement de manière apolitique sur les questions de formation diplômante pour les tatoueurs, d’alternance, de compagnonnage et autres, pour la définition précise et salvatrice d’un cadre professionnel pour tous.