Révélée par le quotidien régional L’Union et relayée par le portail d’informations Tattoos France, l’information fait grand bruit depuis quelques heures dans la sphère du tatouage. Une habitante de Vitry-le-François (département de la Marne) a été arrêtée par la gendarmerie pour exercice illégal du piercing et du tatouage à son domicile.
Tout commence par un courrier anonyme, reçu par la gendarmerie à l’automne 2010. Un corbeau accuse une habitante de pratiquer le tatouage et le piercing à son domicile sans autorisation. En mars 2016, ils perquisitionnent le domicile en question après la production d’un dossier alimenté notamment par l’URSSAF et par l’Agence régionale de santé. L’enquête révèle que la tatoueuse était bien déclarée, mais depuis 3 mois seulement, alors que son activité remontait à l’année 2008. Le montant estimé de ses revenus dissimulés aux impôts s’élève à environ 20 000 euros. Convoquée au mois d’aout 2016 au Tribunal correctionnel, elle risque jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et une amende de 45 000 €.
Lors de sa mise en garde à vue, la femme aurait reconnu les faits, toujours selon L’Union. Au total, ce ne sont pas moins de 12 infractions relevées, parmi lesquelles figurent le travail dissimulé, la mise en œuvre du tatouage sans avoir au préalable prévenu le client des risques encourus, le non-respect des normes d’hygiène en vigueur, et l’usage de matériel non conforme. Pour rappel, tatouer chez les autres est prohibé, quelles que soient les conditions ; mais tatouer à son domicile est légal sous respect de plusieurs critères, dont avoir une pièce dédiée adaptées aux normes en vigueur.
À l’heure où la réponse à apporter à l’absence de statut pour les tatoueurs de France continue de diviser, Tatouage & Partage dresse un constat : chaque tatoueur se voit livré à lui-même à cause de ce manque de statut. On parle d’un non-respect des devoirs des tatoueurs, on évoque un manque aux obligations inhérentes à la pratique du tatouage. Mais qui peut dire, aujourd’hui, à quelles règles on fait allusion ? Comment définir avec précision ces normes, dans un contexte où un statut professionnel est inexistant ? Notre association rappelle qu’à l’heure actuelle, n’importe qui peut se déclarer tatoueur en toute légalité après une simple formation de 21 heures aux règles d’hygiène : la voilà, la seule et unique obligation pour tatouer.
Aujourd’hui, la profession autant que l’Etat ne peuvent que constater que sans formation reconnue ni transmission de savoir par l’apprentissage, le tatouage illégal à son domicile n’est plus un phénomène marginal. Et si les lourdes sanctions encourues par les scratcheurs protègent les professionnels travaillant dans la légalité et payant charges et TVA, il y a fort à parier qu’elles n’endigueront en rien le phénomène. Pour cela, c’est un vrai statut qu’il faut.