Formatrice au sein de l’organisme Cap-Hygiène, Alice Devillers est également l’auteure de fiches pratiques pour Tatouage & Partage. Tout au long du mois, notre association lui laisse la parole pour une série de coups de gueule. Au programme de ce premier volet : la vision qu’ont certains tatoueurs de la formation à l’hygiène…
Préparez-vous à une série de tribunes pas sympathiques, et à juste titre. 10 ans de tatouage, 10 ans d’hygiène pleins de conviction et de passion, que certains ont presque réussi à balayer grâce à leur manque d’investissement et grâce à leur irrespect du tatouage.
À l’heure où, blasée, j’étais prête à mettre la clé sous la porte, désabusée, je prends un dernier regain d’énergie grâce aux publications de Tatouage & Partage. Je ne sais pas faire de courbettes ni mentir ; il m’est difficile de mâcher mes mots. Je laisse donc souvent le soin aux autres de la ramener bien mieux que moi pour ce qui est de jeter gentiment un pavé dans la marre. Mais là, comme on en a gros, c’est moi qui vais me jeter dans la marre…
Les coups de gueule sont vastes, et je vais essayer de les structurer du mieux que je peux afin que l’information puisse bien passer. À toute personne qui s’acharnerait à ne pas vouloir comprendre, veuillez passer votre chemin – je n’ai plus de budget Doliprane pour calmer les migraines que ceux-là m’occasionnent. Et bienheureux ceux qui comprendront.
Pour cette tribune, je parlerais des formations hygiène, puisque je suis directement concernée. À savoir, et pour éviter toute ambigüité : je suis parfaitement d’accord avec le point de vue de Tatouage & Partage sur le fait d’un apprentissage complet ! Si l’on aime le tatouage et que l’on veut le préserver, c’est un bien nécessaire et j’insiste sur le bien.
La formation hygiène doit en faire partie, et elle doit même être prolongée ; en effet, 21 heures sur 3 jours, c’est bien trop peu. Eh bien oui, je ne chéris pas le soi-disant gain d’argent qu’elle pourrait procurer, car comme il a été justement dit, on participe à l’arrivée croissante de la masse médiocre.
10 ans que je m’échine à essayer de faire comprendre la nécessité de cette formation, que j’investie une grande partie de mon temps à retravailler sans cesse mes modules pour coller au plus prêt à la réalité et aux contraintes qui sont imposées aux tatoueurs. À essayer de transmettre des valeurs que je vois bafouées à peine le sésame obtenu. Certains décrient la formation en arguant qu’elle ne sert à rien, si ce n’est à apprendre à se laver les mains ; mais j’en vois assis en face de moi à n’écouter que d’une oreille et à s’endormir sur la table. Pour, au final, se plaindre que c’est trop cher !
Alors oui, dans ces conditions, ça fait cher la sieste. La première chose à faire serait d’avoir le respect des personnes en face et du travail qu’elles ont fourni pour essayer de se faire rentrer quelque chose dans la tête. Et se dire que l’époque des bancs d’écoles et des caprices liés est révolue.
Secundo, je ne sais pas ce que valent les autres organismes de formation et je n’irai pas me permettre de les dénigrer. De plus, je n’ai vraiment pas pour habitude de me vanter et passe souvent inaperçue – c’est peut-être là mon erreur. Mais ma formation, je sais ce qu’elle vaut et elle est vraiment de très bonne qualité. Et même bien au-delà de ce que l’on demande ! Sinon, les quelques passionnées qui écoutent mes cours ne me rappelleraient pas régulièrement pour glaner des conseils. Merci à eux, d’ailleurs : j’aurai au moins réussi à gagner quelques batailles.
Mais voilà tout : comme les clients cherchent le tatoueur le moins cher, beaucoup de tatoueurs cherchent la formation qui leur coutera le moins. C’est sûr, 550 €, c’est cher payé pour exercer un métier… J’ironise, pour ceux qui auraient du mal à suivre. Encore une fois, on peut voir là à quel point certains font grand cas de l’hygiène !
Résumons pour ceux qui n’auraient pas encore compris : comme pour le peintre qui portera une grande attention à son médium, vous devez faire attention au vôtre, en l’occurrence la peau ! Et cet enseignement ne vient pas comme par magie mais s’apprend en formation…
De fait, avant de regarder son porte-monnaie, on doit d’abord regarder ce que l’on veut vraiment obtenir et aller là où il faut. Et s’il devient difficile de pouvoir faire des choix, eh bien peut-être qu’une école reconnue d’État permettra de vous assurer de ne pas débourser pour rien.
J’ajouterai que je déplore grandement le fait qu’il n’y ait pas d’examen validant cette formation, le simple fait de payer suffisant. C’est un peu une insulte à notre égard, formateurs consciencieux.
Je suis coincé par le nombre de mots que peut comporter une tribune, l’esprit humain se lassant vite de la lecture. Le reste arrive avec la tribune suivante, histoire d’éclairer encore mieux ce qui est en train de se passer…
Plus d’informations sur www.caphygieneformation.com