En cédant aux pires poncifs du tatouage, l’émission de M6 Zone Interdite a privilégié le sensationnalisme à un réel travail journalistique, et a échoué à présenter le tattoo sous son vrai jour. Un triste voyage de près de 2 heures qu’a suivi avec amertume l’association Tatouage & Partage, entre yakuzas, gangs et nymphettes écervelées.
La mariée était trop belle. Zone Interdite, l’un des programmes-phare de la chaîne de télévision M6, a suscité de nombreux espoirs en annonçant la diffusion d’une émission dédiée au tatouage. Le dimanche 5 mars 2017 à 21h, heure de grande écoute, le bureau de Tatouage & Partage, les adhérents de notre association et des millions d’amateurs de tattoo en France ou simples curieux étaient assis devant leur poste (2,8 millions de téléspectateurs en moyenne avec un pic d’audience à 3,4 millions selon Médiamétrie). Malheureusement, l’émission s’est plus rapprochée du pétard mouillé que du portrait sobre et juste que nous espérions.
Les 3 premières minutes de l’émission baptisée Tatouage : phénomène populaire ou tendance éphémère ? ont annoncé la couleur : le reportage suit un tatoueur encrant au domicile de sa cliente… sans préciser que cette pratique est strictement prohibée en France. La suite n’en est que plus (tristement) savoureuse avec, dans le désordre, un détour chez les vilains gangs de la côte ouest, une star de la téléréalité en quête d’une pseudo-notoriété retrouvée, ou encore de terribles yakuzas qui couperont une phalange à leur tatoueur si celui-ci leur fait l’affront de rater une ligne.
Autre réalité soulignée à outrance par le reportage : une soi-disant explosion de la demande pour le détatouage. Car qu’on se le dise : pour Zone Interdite, le tatouage véhicule une notion de regret et mène (quasiment) systématiquement au détatouage. L’ombre d’un lobby dermatologique semble planer sur ces 2 pénibles heures.
Tatouage & Partage ne nie aucunement que toutes les situations évoquées à l’instant existent. Oui, le tattoo peut être irréfléchi et mener au détatouage. Oui, les yakuzas aux corps recouverts de tattoos existent au Japon. Oui, les gangs californiens affectionnent le black and grey, oui, le tatouage peut être corrélé à la criminalité et au repentir, etc. Mais ils ne représentent pas – loin s’en faut – le vrai visage, majoritaire, du tattoo contemporain de notre pays. Notre association regrette profondément cette occasion manquée de dresser un tableau honnête et sans extravagance, et traiter de véritables questions d’actualité telles que le statut du tatoueur en France, sa place dans l’artisanat ou dans l’art, ou encore la formation de ses représentants.
Vous avez manqué l’émission ? Aux plus cyniques, Tatouage & Partage recommande le visionnage ici :
www.6play.fr/zone-interdite-p_845/Tatouage-phenomene-populaire-ou-tendance-ephemere--c_11661776
Quant aux autres, passez votre chemin…