La rentrée n’est pas de tout repos pour les tatoueurs de l’Etat de New York, quatrième Etat le plus peuplé des Etats-Unis. Une pétition a en effet été lancée pour parer à la promulgation d’une nouvelle loi concernant les bouteilles d’encre chez les professionnels de l’encrage. Pour vous, l’association Tatouage & Partage décrypte une situation qui pourrait bien passer des frontières de l’Amérique… à celles de l’Europe.
La loi en question est la Bill S1421-2015, accessible sur le site officiel de la législation liée au Sénat de l’Etat de New York, et prévue pour entrer en vigueur le 12 décembre 2015. Ce qu’elle dit ? Que les tatoueurs de cet Etat du nord-est ne seront autorisés qu’à utiliser exclusivement des caps stérilisés et à usage unique. Un bouleversement radical dans les habitudes des tatoueurs.
Sur internet, les réactions des tatoueuses, tatoueurs et fournisseurs de l’Etat de New York – et pas seulement – ne se sont guère fait attendre. La manifestation la plus évidente de ce mécontentement est une pétition fraîchement publiée sur le site change.org. À l’heure où Tatouage & Partage écrit ces lignes, celle qui s’élève contre cette nouvelle loi a déjà récolté plus de 45 000 signatures, sur un objectif de 50 000.
Pourquoi les signataires de la pétition s’adressent-ils avec autant de vigueur au Département de la Santé de l’Etat de New York ? Parce que selon Bridget Punsalang, son instigatrice, la Bill S1421-2015 résulterait en des dépenses élevées et particulièrement inutiles.
Bridget Punsalang résume ainsi la situation. « À l’heure actuelle, la procédure standard veut que tous les tatoueurs achètent de grandes bouteilles d’encre, encre qu’ils versent ensuite, en qualité souhaitée, dans de petits récipients de la taillé d’un dé à coudre, jetables et à usage unique : ce sont les caps. Ces caps sont ensuite jetés à la poubelle, une fois la séance terminée. Mais la nouvelle loi viendrait mettre un point final à ce mode opératoire, pourtant commun et réputé sans danger. L’interdiction de ces bouteilles en faveur de nouveaux récipients jetables, à usage unique et pré-stérilisées, implique des coûts majeurs pour les professionnels. De plus, peu nombreux sont les fournisseurs de tels produits. »
De son côté, Tatouage & Partage a recueilli le témoignage de Lou Rubino, de World Famous Tattoo Ink, fournisseur d’encres de tattoo. Dans un long message, il tente de tempérer l’inquiétude et le mécontentement traduits par la pétition de Bridget Punsalang. « En toute honnêteté, ce n’est pas vraiment une mauvaise chose », confie-t-il par rapport à la mesure prévue pour le 12 décembre prochain. De son propre aveu, il s’inquiète du fait que la même bouteille d’encre puisse être ouverte et refermée à foison des années durant, et de l’impact sanitaire qu’une telle pratique puisse avoir sur les clients. Conscient de la crainte causée par la hausse des prix, Lou Rubino, là aussi, se veut rassurant : « Sincèrement, le surplus n’est pas si méchant », écrit-il.
Chez Tatouage & Partage, nous avons tenu à vous présenter les différents arguments s’opposant actuellement dans l’un des Etats les plus influents des Etats-Unis. La pression exercée par les signataires de la pétition finira-t-elle par payer et les politiques, par craquer, ou au contraire, la loi entrera-t-elle bel et bien en vigueur, et en l’état, dès la fin de l’année ? Affaire à suivre, car ce qui arrive aux tatoueurs de l’Etat de New York risque fort d’être étendu au reste du pays – et, de là, la traversée de l’Atlantique pourrait bien n’être plus qu’une formalité…