Au début de l’année 2016, le bureau de Tatouage & Partage a adressé une longue lettre à l’Institut National des Métiers d’Art. L’objet ? Revendiquer une reconnaissance officielle et véritable du métier de tatoueur en tant qu’artisan d’art. Le président de l’institut est revenu vers notre association de tatoueurs.
Au début de l’année 2016, l’association Tatouage & Partage s’est adressée par écrit, à travers son président Stéphane Chaudesaigues, à l’INMA, acronyme pour l’Institut National des Métiers d’Art. Opérateur de l’État, l’institut joue un rôle pluriel, parmi lesquels :
- il produit des données sur les métiers d’art et leur environnement
- il contribue à l’élaboration de la réglementation et à l’aide à la décision
- il conduit une réflexion pour adapter la formation aux nouveaux enjeux du secteur
- il développe des outils d’information de référence tels que l’Annuaire officiel des métiers d’art
La volonté de Tatouage & Partage de s’adresser à l’INMA part d’un constat, formulé dans le courrier que nous leur avons adressé : à ce jour, le tatoueur n’a toujours aucun statut spécifique, aucune reconnaissance. À l’inverse des costumiers et des perruquiers, des enlumineurs et des parcheminiers, des maroquiniers ou encore des mosaïstes qui, eux, sont tous reconnus comme exerçant un métier d’art.
Après avoir rappelé à M. Gérard Desquand, président de l’institut, le caractère ancestral et pluriel du tatouage – depuis Ötsi, l’homme des glaces tatoué mort en 3 500 avant J.-C., jusqu’à la formidable démocratisation du tattoo au 21ème siècle –, nous avons souligné le fait que s’est développé, au cours du dernier demi-siècle, une autre forme du métier de tatoueur, portée par des tatoueurs de renom réalisant des pièces uniques.
En dépit de cette évolution, il est toujours impossible – et ce même pour un grand tatoueur – de prendre sous son aile un apprenti de façon officielle et de lui transmettre un savoir reconnu. Pour devenir un tatoueur s’inscrivant dans un métier d’art, il faut dompter les techniques du dessin, avoir une bonne connaissance de l’art pictural et, enfin, apprendre auprès d’un grand tatoueur les techniques du tatouage et la maitrise parfaite de l’aiguille. Plusieurs années d’un tel apprentissage sont nécessaires avant que l’apprenti ne puisse réaliser une pièce artistique de haut niveau technique et acquérir son propre style, sa signature. Tout cela, nous l’avons écrit au président de l’INMA.
La conclusion de notre courrier, c’est celle-ci : le tatouage en tant que métier d’art est une profession de passion qui mériterait une véritable reconnaissance. De fait, Tatouage & Partage est persuadée que le tatouage aurait toute sa place au sein des métiers d’art. Plus que jamais attachée au statut d’artisan d’art, notre association tient à ce que chaque tatoueur s’épanouisse en accord avec sa propre approche du métier : du tatoueur qui va effectuer une prestation de service en répondant à la demande de son client au tatoueur artisan d’art qui, lui, va créer une pièce pour son client. C’était l’objet de notre intervention en 2014 déjà :
Le 31 aout 2016, Tatouage & Partage a reçu une réponse signée de M. Desquand. Le président de l’institut a reconnu notre requête : "le métier de tatoueur, lorsqu’il est exercé par des professionnels compétents, conjugue sens artistique et maîtrise technique de haut niveau". M. Desquand termine sa réponse en stipulant que l’INMA "s’attache à rassembler toutes les demandes d’ajout ou de mobilisation qui lui parviennent, avec pour chaque demande un descriptif le plus précis possible du métier ou savoir-faire, des techniques et outils utilisés, du marché". Et de conclure : "je vous invite à nous transmettre un complément d’information sur le métier de tatoueur afin que la possibilité d’ajouter ce métier à la liste des métiers d’art puisse être étudiée le moment venu".
L’association Tatouage & Partage y voit un encouragement et un premier pas vers la reconnaissance qui fait si cruellement défaut au métier de tatoueur. Fidèle à notre rôle, nous ne manquerons pas de vous tenir informés de nos progrès.