Le 27 juillet 2016, BFM TV publiait un article au titre alarmant, Les tatouages pourraient provoquer le cancer de la peau, surtout une couleur, relayant une publication du tabloïd britannique The Daily Mail. D’après la chaîne de télévision d’information en continu, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) s’apprêterait à publier "les résultats de recherches sur les possibles risques associés au fait de se faire tatouer". Une contre-vérité absolue sur laquelle revient l’association Tatouage & Partage.
"Soupçonnées d'être toxiques, certaines des encres utilisées pour tatouer augmenteraient le risque de développer des cancers" : ainsi commence l’article publié le mercredi 27 juillet à 18h49 sur le site internet de BFM TV. Selon l’auteur, "des scientifiques soupçonne[raient] certaines des encres de tatouages d'être toxiques et de provoquer des cancers et des mutations".
Sa source, BFM TV la tient du tabloïd conservateur britannique The Daily Mail, citant lui-même une soi-disant étude de la European Chemicals Agency (ECHA), plus connue de ce côté-ci de la Manche sous le nom d’Agence européenne des produits chimiques. D’après l’article, l’organisation aurait mené des recherches sur les risques liés au tatouage et serait sur le point d’en publier les résultats. Problèmes cutanés, réactions allergiques, démangeaisons, réduction de la fertilité et même augmentation du risque de développer un cancer de la peau : rien ne nous est épargné… à l’exception des preuves.
En outre, l’ECHA aurait identifié une couleur de tatouage particulièrement dangereuse : le rouge. Une entreprise de destruction qui n’est pas sans rappeler l’affaire de l’interdiction des encres couleurs, contre laquelle Tatouage & Partage avait milité avec succès en 2013. Trois ans plus tard, notre association a donc toutes les raisons de… voir rouge.
Notre réflexe ? Nous enquérir auprès de Nicolas Kluger, dermatologue spécialisé dans le tatouage et éminent intervenant du European Congress on Tattoo and Pigment Research (ECTP), dont Tatouage & Partage est membre. Son conseil aux lecteurs de l’article signé BFM TV ? Ne pas céder à la panique : en effet, l’ECHA ne va rien publier puisqu’aucune étude n’a à ce jour été réalisée !
La situation, la voici : l’ECHA a été mandatée par la Commission européenne pour étudier au cas par cas les ingrédients suspectés de provoquer des réactions allergiques. Les risques de carcinogenèse (naissance d’un cancer à partir d'une cellule transformée par plusieurs mutations) et d’impact sur la fertilité seront aussi étudiés. Il ne s’agit en rien de bannir des encres et encore moins d’interdire le tatouage : l’ambition est tout simplement de supprimer des composés à risque.
Comme l’ECHA l’a elle-même confié sur sa page Facebook officielle, ces évaluations prendront plusieurs années et les conclusions seront livrées à l’issue de ce délai. D’ici là, le rouge devrait encore avoir son mot à dire…
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